lundi 16 novembre 2009

Colombia, Ida y Vuelta


Jeudi 12 novembre,

Rendez-vous 22h pour commencer la nuit chez Job et Stéphanie… Faudrait qu’on anticipe sur l’heure du coucher… mais voilà un nuage de fumée qui envahit l’appart… Ça sent le brûler, mélange de caoutchouc et d’huile de moteur carbonisée… une voiture qui se consume ? Puis ça passe, mais un autre nuage vient renouveler l’odeur qui se dissipait à peine. La voisine arrive pour voir si on respire bien. Elle nous confirme qu’en fait ce sont les fumigations contre la dengue. Encore ? C’est que la dengue est assez virulente à Mérida (mais dans quel pays je suis tombée ?!). Mais d’habitude ils font ça plus tôt dans l’après midi, non ? Bon ben on va attendre que ca passe. Presque minuit, allez courage, essayer de fermer les yeux…

2h30 plus tard, déjà le réveil… cela aurait pu être plus rude, mais comme je n’ai pas vraiment dormi… on saute dans un taxi et direction la gare routière. Le bus est déjà plein, certains sont déjà en position dodo… à 3h pétante on se met en route, je me prépare tant bien que mal à affronter cette courte nuit dans ce frigo sur-climatisé, direction San Cristobal et Cúcuta (en Colombie) en destination finale. Les virages, les accélérations et freinages successifs et le bon millier de dos d’âne qui barrent la route font que mon sommeil s’échappe à chaque fois que je pense l’avoir enfin trouvé. A 7h30, malgré les bouchons dans les oreilles, j’entends la salsa qui chante dans les baffles... c’est le signal du réveil, on arrive.

A la descente du bus, la chaleur contrastant avec le froid de la nuit nous assomme plus qu’un peu. Petit déj dans un cafetín de la gare à l’empanada de pollo y arepa de queso con jugo de mora puis on saute dans un buceta direction San Antonio. De là, quelques minutes de marche et nous apercevons la frontière. Le stress revient. Est-elle ouverte ? Est-ce qu’on va pouvoir passer sans problème ? En effet, la tension entre le Venezuela et la Colombie s’est accentué ces dernières semaines : à cause du nombre croissant de colombiens qui traversent illégalement, à cause du narcotrafic, à cause que Chávez n’est pas trop copain avec Álvaro Uribe . Il y a eu des fusillades, l’armée est venue renforcer la position, la frontière a été fermée mais les frontaliers colombiens qui commercent beaucoup entre San Cristobal et Cúcuta ont manifesté et pris le pont Simón Bolívar d’assaut… bref, la semaine dernière ça semblait être la fête… alors on craignait un peu que ce ne soit pas facile!

Un tampon de sortie obtenu en payant 55 bolos de taxes (on aime les taxes de sortie au Venezuela !), un pont plein de monde à traverser en plein cagnard car maintenant il n’est pas loin de midi, un douanier de l’autre côté qui s’étonne comme toujours que je sois française en lisant mes nom et prénom et qui sourit comme toujours en entendant la confirmation, et enfin le tampon d’entrée, encore un bus, et nous voilà à Cúcuta. Bon, la ville ne vaut vraiment pas le détour : il fait chaud, ca grouille de monde et de voitures, et en tant qu’étrangers y’en a soudain plus d’un qui voudrait être notre copain. Sieste sous le ventilo à l’hôtel, petit tour en ville et à la nuit tombée plus un chat dehors et nous non plus. On aura quand même pris le temps de goûter les avocats, mangues et rhum colombiens !

Le lendemain, la vuelta. Il fait déjà 30 degrés et pas encore 9h du mat’. Un buceta, et encore un autre jusqu’au pont. Un tampon de sortie « Solamente una noche en Colombia ? », encore le pont qui grouille de monde à pied, à vélo ou en voiture, et la dernière barrière… bon, si c’est comme les vis avec toujours la dernière qui veut pas se dévisser ou comme les boulons avec toujours le dernier qui veut pas se déboulonner, alors c’est là qu'il nous reste le problème du passeport ou de la fouille à régler. Pourtant de ce côté du pont y’a une banderole avec écrit dans le sens d’hier : « Revenez vite au Venezuela » c’est ce qu’on a fait, et dans le sens d’aujourd’hui « Bienvenue au Venezuela » c’est ce qu’on va voir! Le cœur vient de se mettre en chamade même si on fait l’air de rien… On remplit consciencieusement notre petite fiche et puis… On sourit gentiment à Monsieur qui tient le tampon dateur derrière sa vitre… On a dû lui plaire, il ne nous pose même pas de question… buena suerte ! Et mission accomplie, nous sommes à nouveau autorisés à jouer les touristes pendant 3 mois.
Un buceta, un autre contrôle des militaires (mais là 2 femmes se font attraper pour problème de papiers et doivent descendre manu militari), la gare routière de San Cristobal, une empanada de pollo et arepa de queso mais sans jugo de mora car pas le temps, et on décolle avec le dernier bus et son ambiance congélo pour les dernières 5h de route avec ses virages et son millier de dos d’âne. Arrivée samedi 18h à Mérida. Fin de l’aventure "Ida y Vuelta para Colombia".

Mais la question de la paix fragile inquiète des 2 côtés et le discours de Chávez de la semaine dernière : "il faut se préparer à la guerre" n'est pas des plus rassurants.


Un lien pour en savoir plus...


Affrontements à Cucuta, ville frontière Colombie-Venezuela – novembre 2009 « anthropologie du présent
Source : berthoalain.wordpress.com
http://berthoalain.wordpress.com/2009/11/07/affrontements-a-cucuta-ville-frontiere-colombie-venezuela-novembre-2009/

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